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Sunday, August 18, 2019

Pathfinder 2 à Freeport: une partie de jeu



Pathfinder 2 à Freeport !


Une session de jeu avec deux joueurs.

Notre groupe dans l’Indre (Vendoeuvres, entre Châteauroux et Tours) a fait sa première partie de PF2 hier soir, à peine deux semaines après la sortie du jeu en début du mois. J’ai fait le maître du jeu, comme je suis le seul qui possède déjà les livres, et seulement deux joueurs ont pu se libérer du travail. Néanmoins, bien qu’une partie avec deux joueurs peut être considéré comme limite, et franchement dangereux, nous nous sommes bien amusés.

Mes deux amis, L. et C., ont joué avec moi depuis plus de dix ans. D’abord nous avons joué à D&D 3.5, et nous nous sommes mis à Pathfinder tardivement, des années après sa sortie. Nous avons joué la campagne de l’Eveil des Seigneurs de Runes, et nous en avons fait un peu plus de la moitié après quatre années de jeux mensuels, avec quelques autres joueurs par ci, par là. Décembre dernier nous avions commencé une campagne maison autour du thème des pirates, en se passant le rôle du maître du jeu tous les deux à trois séances. Tout cela se déroulait très bien, et en neuf mois nous avions pu faire une dizaine de séances pour atteindre le 3e niveau.

Toujours est-il que c’était avec une certaine mesure de trépidation que j’ai suggéré à mes amis que nous passions tout de suite à PF2. J’avais passé deux semaines à lire les règles et à participer aux forums Paizo afin d’éclaircir mes questions sur certains points des règles, mais j’étais inquiet que mes joueurs soient déçus à l’idée d’abandonner leurs chers personnages. Heureusement, ils avaient plutôt hâte de tester le nouveau système de jeu, comme moi, alors à trois nous nous y sommes mis.

La création des personnages

C. a décidé de faire un personnage Elfe druide nommé Eraklesias. Il avait lu un peu les règles en ligne sur 2e.aonprd.com,  et il était fin prêt à remplir sa feuille de personnage. Il a choisi « Woodland Elf ancestry» (Ascendance Elfe des Bois) avec le don « Elven Weapon Familiarity » pour élargir son choix d’armes au-delà des armes simples d’un druide. Il a poursuivi avec « Animal Whisperer background » (Celui qui chuchote à l’oreille des animaux) afin d’accentuer le feeling d’un druide, et quand il est passé aux détails de classe, il a choisi « Animal focus » (focalisation sur les animaux) comme ordre de druide, afin d’avoir accès à un compagnon animal. Etant donné le peu de temps dont nous disposions pour cette première séance, il a remis à plus tard les détails de son compagnon animal, et après un court passage par le chapitre sur l’équipement, il était prêt à jouer.

L. n’était pas du tout sûr de la sorte de personnage qu’il voulait incarner. Il avait toujours évité les lanceurs de sorts, qu’il considérait comme trop compliqués, et sachant qu’il adorait avoir tout plein de compétences, j’ai suggéré qu’il fasse un roublard (« Rogue »). Il a décidé de jouer un roublard humain nommé Luciano, puisque j’avais laissé entendre que son personnage serait originaire de Pointesable, où nous avions longtemps joué l’Eveil des Seigneurs des Runes. Il a choisi les dons « Versatile Heritage » et « Natural Ambition » afin d’avoir accès à un don de classe et un don général en plus, et puis il a complété son concept de roublard en choisissant « Criminal background ». 

Puisque j’avais dit que, quel que soit l’ascendance qu’il choisisse, cela représenterait le métier de sa famille (« the family business ») que son père voulait qu’il endosse avant qu’il ne lui tourne le dos définitivement pour devenir aventurier, cela voulait dire que Luciano venait d’une lignée criminelle Czarni (la Mafia local en Varisie, pour ceux qui ne connaissent pas), ce qui mettait un peu de chair sur les os de son concept de personnage.

Poursuivant avec la classe de roublard, il a choisi le « Thief racket » (trafiquant) afin de bénéficier de cette option (la seule, je crois, à l’état actuel du jeu) qui donne la DEX aux dégâts, ainsi que les dons « Nimble Dodge » (esquive) et « Twin Feint » ( Feinte double, une sorte d’amélioration du combat à deux armes) pour voir quelle bénéfice il pouvait tirer de ce mode de combat. Lorsqu’il est arrivé au stade où il devait choisir les compétences dont il était « trained » (entrainé), il a découvert qu’il avait de l’entrainement dans presque toutes les compétences possibles, ayant mis presque autant de ses « Ability boosts » (bonus de caractéristique) en INT qu’en DEX. Il a ajouté le package d’équipement roublard standard et il était, lui aussi, prêt à jouer. Une heure environ s’était déroulée, et après un bon couscous nous nous sommes lancés dans l’aventure.

L’aventure commence à Freeport
Le dernier livre Freeport de Green Ronin

Nous avions joué depuis quelques mois dans une campagne sur le thème des pirates avec PF1, et bien que nos personnages étaient en principe en route pour Freeport, nous ne nous étions jamais arrivés, puisqu’avec le rôle du maître de jeu qui passait de main en main, chacun avait trouvé divers prétextes pour retarder notre arrivée. Alors j’ai décidé qu’avec cette aventure nous allions commencer dans la ville de Freeport afin de faire d’une pierre deux coups : nous initier à PF2 tout en commençant à explorer cette merveille de conception que constitue la ville de Freeport, de l’éditeur GreenRonin. Entre parenthèses, j’ai toujours adoré des campagnes situés dans des villes immenses, depuis ma visite à Gencon IX en 1976 quand j’ai vu pour la première fois la « City State of the Invincible Overlord » de l’éditeur Judges Guild. Alors quand au début du printemps j’ai acheté l’édition Pathfinder de « Freeport, City of Adventure » je savais que je me devais d’attirer mes joueurs dans ce milieu.


J’avais écrit un petit bout d’histoire personnel (« backstory ») pour chacun de mes deux joueurs. Luciano avait suivi le métier familial pendant quelques années, mais l’arrivée d’aventuriers en ville le laissait toujours rêveur, des étoiles dans les yeux. Un jour il a reçu une lettre de son cousin Fredegar, le priant de venir à Freeport pour travailler avec lui. Eraklesias était beaucoup plus âgé, tellement plus âgé, en fait, qu’en tant que jeune druide elfe des bois, il s’était lié d’amitié avec Rudolfo, le grand-père de Luciano. Par la suite il était resté en contact avec la famille, devenant une sorte d’ange gardien pour le jeune Czarni, Luciano. Les voilà donc partis pour Freeport.

Acte Un : « Downtime mode » (mode du temps libre)

PF2 propose trois modes de jeu : « Downtime » (mode du temps libre, entre les aventures), « Exploration » et « Encounter mode » (mode des rencontres, surtout des combats). Je voulais tester ces trois modes de jeu hier soir. Donc j’ai demandé aux deux joueurs de scruter leurs compétences afin d’en choisir une dont ils allaient se servir pour gagner leur vie quelque temps chez Fredegar, à l’Auberge de la Main Crochue.

Eraklesias a décidé d’utiliser sa compétence Nature pour travailler dans les écuries, en s’occupant des animaux, tandis que Luciano a décidé d’utiliser sa compétence « Underworld Lore » (Connaissance de la Pègre) afin de vendre de la contrebande aux clients de l’auberge, tout en travaillant sous couverture d’être serveur. Tous les deux ont échoué à leur premier jet « Earn Income » (gagner sa vie), n’encaissant que deux pièces de cuivre par jour pour la première semaine. Je leur ai dit qu’ils devaient dépenser dix pièces d’argent par semaine pour profiter d’un niveau de vie confortable, prenant leurs repas dans l’auberge et buvant quelque choppes chaque soir, mais ils ont préféré tenter leurs chances gratuitement avec l’action « Subsist » (subvenir à ses besoins). Eraklesias a eu une réussite critique avec la compétence « Survival » (Survie), retrouvant un niveau de vie confortable avec la pêche et la chasse aux alentours des quais de Freeport, en obtenant plus de dix au-dessus du DD (degré de difficulté) que j’avais fixé. Luciano, pour sa part, n’a obtenu qu’une réussite « normale », ce qui ne lui donnait droit qu’à un niveau de vie pauvre, genre clochard. 

La deuxième semaine ils ont réussi tous les deux leur jet pour gagner la vie, leur donnant droit à un gain de deux pièces d’argent par jour, et ils ont de nouveau refusé de payer de l’argent sonnant et trébuchant pour profiter d’un niveau de vie confortable. Luciano a passé une deuxième semaine vivant comme un SDF, tandis que Eraklesias a fait une nouvelle réussite critique, passant son temps libre avec d’autres pêcheurs qui lui offraient à boire et l’invitait passer un moment chez eux. Le résultat de cette opération a mis 15,4 pièces d’argent dans la poche de chacun de nos aventuriers, mais Luciano a montré qu’il ne possédait aucun sens de dignité personnelle, un trait de caractère amusant et intéressant pour un voleur roublard au passé criminel.

Acte Deux, mode des rencontres : ce qui s’est passé une nuit

Nos héros en herbe se reposaient à l’auberge lorsqu’ils ont remarqué une femme rousse en habit de marin qui est entrée suivie de trois hommes, également habillés en marin. Elle s’est dirigé droit vers une table dans le coin où était assis un vieillard qui était devenu un habitué depuis quelques semaines. Elle a sorti sa rapière et l’a menacé froidement. Une réussite en « Perception » leur a permis de l’entendre dire, « Alors, ventre jaune! Voilà le bouge dans lequel tu t’es caché! Tu ne croyais quand même pas que tu pouvais me voler sans que je ne vienne te retrouver, hein? » Il était venu le moment de calculer l’initiative.

J’aime bien commencer les parties « in media res » ou « au milieu de la chose », en demandant aux joueurs de réagir à la scène dont ils sont témoins. Eraklesias a utilisé sa perception comme initiative, mais comme Luciano était en train de vendre de la contrebande au moment où l’attaque s’est déclenchée, il a utilisé « Underworld lore » pour déterminer son initiative. La femme, un roublard pirate du 3e niveau, a agi en premier, avec une attaque critique qui a égorgé le vieillard, l’envoyant direct à la condition « Dying 2 », à peine un round ou deux avant une mort certaine. Ensuite elle lui a fait les poches pendant deux actions. Eraklesias et Luciano ont fait face à deux pirates de niveau zéro (nouvellement embauchés dans l’équipage du navire de la femme) tandis que le troisième homme, un « figher » (guerrier) de 2e niveau, a bousculé et fait reculer quelques clients de l’auberge afin de préparer une voie pour la fuite.

Eraklesias a utilisé une combinaisons de « strikes » (attaques avec son arme), de bousculades et de crocs-en-jambe pour mettre à terre ses adversaires, tandis que Luciano, très sûr de lui, a contourné ces obstacles afin de s’attaquer directement à la femme. Il a raté son jet d’attaque, et à son tour elle l’a touché avant de tenter un croc-en-jambe… sans succès! Echec critique! Et la voilà tombée dans une flaque de sang.

Luciano était persuadé qu’il tenait la victoire entre ses mains, mais il n’avait que légèrement blessé son adversaire quand elle s’est relevée et a fait une action « Long jump » (saut en longueur) qui comprend deux cases de mouvement avant de sauter à travers une table qui lui barrait la route pour atteindre l’escalier qui montait à l’étage. Son second a couvert sa fuite avant de se retirer à son tour. J’ai demandé des jets de « Recall Knowledge (Society) »  (Connaissance(Société)) de la part des deux PJs, et ils se sont souvenus qu’il y avait deux escaliers qui descendaient de l’étage par l’extérieur.

Ils ont donc choisi de laisser filer leurs adversaires et de s’occuper de panser leurs blessures. Eraklesias a utilisé des « healer ‘s tools » (outils du guérisseur) pour prodiguer 2d8 de guérison à Luciano et à lui-même, sans magie, les guérissant presque entièrement. Mais il leur restait l’énigme de la mort du vieillard et les mots prononcés par cette femme au sujet d’une carte mystérieuse volée.

Acte Trois, mode d’exploration : une enquête

Les deux héros avaient survécu à leur premier combat, sans subir trop d’inconvénients. Se servant de « Medicine » pour stabiliser et ensuite guérir l’un des pirates de niveau zéro qui était descendu à « Dying 3 », à l’orée de la mort, ils l’ont interrogé mais n’ont réussi à glaner que le nom de cette femme et l’endroit où son navire était amarré. Pour leur part, ils étaient beaucoup plus empressés à enquêter sur le vieillard mort, mais ils ont échoué à leurs tentatives de « Diplomacy (Gather Information) » pour parcourir la foule dans l’auberge à la recherche de quelqu’un qui aurait pu être témoin des allées et venues du vieillard, et puis ils ont aussi échoué à l’utilisation de « Survival (Tracking) » pour remonter sa piste jusqu’à sa demeure, à l’aide des bottes de ce dernier dont ils s’étaient accaparées. Les choses n’allaient pas bien. Au fur et à mesure qu’ils parcouraient les ruelles sombres et malodorantes de Freeport, j’ai regardé la liste des dangers que j’avais préparée, dont une meute de rats géants infectés d’une maladie immonde.

Car lorsque j’avais conçu cette partie de l’aventure, je ne savais pas encore quelles classes de personnages mes joueurs allaient choisir. Des rats géants peuvent certes constituer un vrai obstacle pour deux personnages de 1e niveau, mais ils ont le type « animal » donc c’était tout naturellement que Eraklesias a utilisé son pouvoir de druide de « Wild Empathy » (empathie sauvage) pour faire une tentative de « Diplomacy: Make an Impression » afin d’améliorer l’attitude du chef de meute. Avec une deuxième tentative « Wild Empathy » in a réussi un jet de « Diplomacy: Make a Request » pour dissuader les rats à l’attaquer.

Plus tôt dans la soirée, les PJs avaient pu entendre quelques bruits qui courraient à propos du nombre grandissant de meutes de rats géants qui s’étaient vues près des quais de Freeport la nuit tombée, ce dernier temps, et Eraklesias a eu la bonne idée de prier le rat chef de meute (qui possède la capacité « scent » pour localiser les adversaires de par leur odeur) de renifler les bottes du vieillard afin de savoir où il habitait. D’un adversaire dangereux, ces rats étaient devenus un atout majeur.

Voilà le type d’événement imprévu qui me réjouit en tant que maître du jeu. Une idée géniale, imprévue, et surtout qui vient combler un manque quand toutes les voies de réussite que j’avais prévues ont échoué.

Acte quatre : l’aventure continue

Il était tard, mais nous avons décidé de poursuivre la partie. Les divers systèmes de PF2 devenaient petit à petit plus clairs, et nous commencions à en prendre l’habitude. Luciano et Eraklesias ont fouillé la maison délabrée du vieillard mort, et ils ont trouvé plusieurs indices, dont une porte secrète qui menait aux sous-sols et aux égouts de la ville. Ils ont fait face à une mille-pattes géant (entre autres dangers) et ils ont découvert jusqu’à quel point le nouveau système pour gérer les poisons est dangereux, surtout pour un personnage dont la constitution ne dépasse pas dix et dont le jet de sauvegarde de vigueur est très faible. Luciano est passé à deux doigts de la mort et ce n’est que grâce à la réactivité de Eraklesias et à ses compétences de « Medicine » qu’il a survécu.

Nous avons mis fin à la séance de ce soir-là et mes amis sont rentrés chez eux. Nous avions bien testé les trois modes de jeu de PF2, ainsi que le système de création des personnages, le système de combat avec trois actions par round, et les conditions délétères, y compris les niveaux de la qualité mourante.

Je suis tenté de mettre en forme cette aventure et de le rendre disponible comme aventure « one shot » ou comme noyau pour une campagne maison. Il y a déjà toutes les caractéristiques des PNJs, ainsi que les conseils sur les compétences à employer, il ne faudrait qu’un petit effort d’encadrement. Si cela vous intéresse, faites-le-moi savoir, soit dans les commentaires qui suivent ce message de blog, soit sur les forums Paizo ou Pathfinder.fr (rechercher Wheldrake). Merci d’être passé par là.


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