Pathfinder 2 à Freeport !
Une session de jeu avec deux joueurs.
Notre groupe dans l’Indre (Vendoeuvres, entre Châteauroux et
Tours) a fait sa première partie de PF2 hier soir, à peine deux semaines après
la sortie du jeu en début du mois. J’ai fait le maître du jeu, comme je suis le
seul qui possède déjà les livres, et seulement deux joueurs ont pu se libérer
du travail. Néanmoins, bien qu’une partie avec deux joueurs peut être considéré
comme limite, et franchement dangereux, nous nous sommes bien amusés.
Mes deux amis, L. et C., ont joué avec moi depuis plus de
dix ans. D’abord nous avons joué à D&D 3.5, et nous nous sommes mis à
Pathfinder tardivement, des années après sa sortie. Nous avons joué la campagne
de l’Eveil des Seigneurs de Runes, et nous en avons fait un peu plus de la
moitié après quatre années de jeux mensuels, avec quelques autres joueurs par
ci, par là. Décembre dernier nous avions commencé une campagne maison autour du
thème des pirates, en se passant le rôle du maître du jeu tous les deux à trois
séances. Tout cela se déroulait très bien, et en neuf mois nous avions pu faire
une dizaine de séances pour atteindre le 3e niveau.
Toujours est-il que c’était avec une certaine mesure de
trépidation que j’ai suggéré à mes amis que nous passions tout de suite à PF2.
J’avais passé deux semaines à lire les règles et à participer aux forums Paizo
afin d’éclaircir mes questions sur certains points des règles, mais j’étais
inquiet que mes joueurs soient déçus à l’idée d’abandonner leurs chers
personnages. Heureusement, ils avaient plutôt hâte de tester le nouveau système
de jeu, comme moi, alors à trois nous nous y sommes mis.
La création des personnages
C. a décidé de faire un personnage Elfe druide nommé
Eraklesias. Il avait lu un peu les règles en ligne sur 2e.aonprd.com, et il était fin prêt à remplir sa feuille de
personnage. Il a choisi « Woodland Elf ancestry» (Ascendance Elfe des
Bois) avec le don « Elven Weapon Familiarity » pour élargir son choix
d’armes au-delà des armes simples d’un druide. Il a poursuivi avec « Animal
Whisperer background » (Celui qui chuchote à l’oreille des animaux) afin d’accentuer
le feeling d’un druide, et quand il est passé aux détails de classe, il a
choisi « Animal focus » (focalisation sur les animaux) comme ordre de
druide, afin d’avoir accès à un compagnon animal. Etant donné le peu de temps
dont nous disposions pour cette première séance, il a remis à plus tard les
détails de son compagnon animal, et après un court passage par le chapitre sur
l’équipement, il était prêt à jouer.
L. n’était pas du tout sûr de la sorte de personnage qu’il
voulait incarner. Il avait toujours évité les lanceurs de sorts, qu’il
considérait comme trop compliqués, et sachant qu’il adorait avoir tout plein de
compétences, j’ai suggéré qu’il fasse un roublard (« Rogue »). Il a
décidé de jouer un roublard humain nommé Luciano, puisque j’avais laissé
entendre que son personnage serait originaire de Pointesable, où nous avions
longtemps joué l’Eveil des Seigneurs des Runes. Il a choisi les dons « Versatile
Heritage » et « Natural Ambition » afin d’avoir accès à un don
de classe et un don général en plus, et puis il a complété son concept de roublard
en choisissant « Criminal background ».
Puisque j’avais dit que, quel
que soit l’ascendance qu’il choisisse, cela représenterait le métier de sa
famille (« the family business ») que son père voulait qu’il endosse
avant qu’il ne lui tourne le dos définitivement pour devenir aventurier, cela
voulait dire que Luciano venait d’une lignée criminelle Czarni (la Mafia local
en Varisie, pour ceux qui ne connaissent pas), ce qui mettait un peu de chair
sur les os de son concept de personnage.
Poursuivant avec la classe de roublard, il a choisi le « Thief
racket » (trafiquant) afin de bénéficier de cette option (la seule, je
crois, à l’état actuel du jeu) qui donne la DEX aux dégâts, ainsi que les dons « Nimble
Dodge » (esquive) et « Twin Feint » ( Feinte double, une sorte d’amélioration
du combat à deux armes) pour voir quelle bénéfice il pouvait tirer de ce mode
de combat. Lorsqu’il est arrivé au stade où il devait choisir les compétences
dont il était « trained » (entrainé), il a découvert qu’il avait de l’entrainement
dans presque toutes les compétences possibles, ayant mis presque autant de ses « Ability
boosts » (bonus de caractéristique) en INT qu’en DEX. Il a ajouté le
package d’équipement roublard standard et il était, lui aussi, prêt à jouer.
Une heure environ s’était déroulée, et après un bon couscous nous nous sommes
lancés dans l’aventure.
L’aventure commence à Freeport
Le dernier livre Freeport de Green Ronin |
Nous avions joué depuis quelques mois dans une campagne sur
le thème des pirates avec PF1, et bien que nos personnages étaient en principe
en route pour Freeport, nous ne nous étions jamais arrivés, puisqu’avec le rôle
du maître de jeu qui passait de main en main, chacun avait trouvé divers
prétextes pour retarder notre arrivée. Alors j’ai décidé qu’avec cette aventure
nous allions commencer dans la ville de Freeport afin de faire d’une pierre
deux coups : nous initier à PF2 tout en commençant à explorer cette
merveille de conception que constitue la ville de Freeport, de l’éditeur GreenRonin. Entre parenthèses, j’ai toujours adoré des campagnes situés dans des
villes immenses, depuis ma visite à Gencon IX en 1976 quand j’ai vu pour la première
fois la « City State of the Invincible Overlord » de l’éditeur Judges
Guild. Alors quand au début du printemps j’ai acheté l’édition Pathfinder de « Freeport,
City of Adventure » je savais que je me devais d’attirer mes joueurs dans
ce milieu.
J’avais écrit un petit bout d’histoire personnel (« backstory »)
pour chacun de mes deux joueurs. Luciano avait suivi le métier familial pendant
quelques années, mais l’arrivée d’aventuriers en ville le laissait toujours rêveur,
des étoiles dans les yeux. Un jour il a reçu une lettre de son cousin Fredegar,
le priant de venir à Freeport pour travailler avec lui. Eraklesias était beaucoup
plus âgé, tellement plus âgé, en fait, qu’en tant que jeune druide elfe des
bois, il s’était lié d’amitié avec Rudolfo, le grand-père de Luciano. Par la
suite il était resté en contact avec la famille, devenant une sorte d’ange gardien
pour le jeune Czarni, Luciano. Les voilà donc partis pour Freeport.
Acte Un : « Downtime mode » (mode du temps libre)
PF2 propose trois modes de jeu : « Downtime »
(mode du temps libre, entre les aventures), « Exploration » et « Encounter
mode » (mode des rencontres, surtout des combats). Je voulais tester ces
trois modes de jeu hier soir. Donc j’ai demandé aux deux joueurs de scruter
leurs compétences afin d’en choisir une dont ils allaient se servir pour gagner
leur vie quelque temps chez Fredegar, à l’Auberge de la Main Crochue.
Eraklesias a décidé d’utiliser sa compétence Nature pour
travailler dans les écuries, en s’occupant des animaux, tandis que Luciano a
décidé d’utiliser sa compétence « Underworld Lore » (Connaissance de
la Pègre) afin de vendre de la contrebande aux clients de l’auberge, tout en
travaillant sous couverture d’être serveur. Tous les deux ont échoué à leur
premier jet « Earn Income » (gagner sa vie), n’encaissant que deux
pièces de cuivre par jour pour la première semaine. Je leur ai dit qu’ils devaient
dépenser dix pièces d’argent par semaine pour profiter d’un niveau de vie
confortable, prenant leurs repas dans l’auberge et buvant quelque choppes
chaque soir, mais ils ont préféré tenter leurs chances gratuitement avec l’action
« Subsist » (subvenir à ses besoins). Eraklesias a eu une réussite
critique avec la compétence « Survival » (Survie), retrouvant un
niveau de vie confortable avec la pêche et la chasse aux alentours des quais de
Freeport, en obtenant plus de dix au-dessus du DD (degré de difficulté) que j’avais
fixé. Luciano, pour sa part, n’a obtenu qu’une réussite « normale »,
ce qui ne lui donnait droit qu’à un niveau de vie pauvre, genre clochard.
La
deuxième semaine ils ont réussi tous les deux leur jet pour gagner la vie, leur
donnant droit à un gain de deux pièces d’argent par jour, et ils ont de nouveau
refusé de payer de l’argent sonnant et trébuchant pour profiter d’un niveau de
vie confortable. Luciano a passé une deuxième semaine vivant comme un SDF,
tandis que Eraklesias a fait une nouvelle réussite critique, passant son temps
libre avec d’autres pêcheurs qui lui offraient à boire et l’invitait passer un
moment chez eux. Le résultat de cette opération a mis 15,4 pièces d’argent dans
la poche de chacun de nos aventuriers, mais Luciano a montré qu’il ne possédait
aucun sens de dignité personnelle, un trait de caractère amusant et intéressant
pour un voleur roublard au passé criminel.
Acte Deux, mode des rencontres : ce qui s’est passé une nuit
Nos héros en herbe se reposaient à l’auberge lorsqu’ils ont
remarqué une femme rousse en habit de marin qui est entrée suivie de trois
hommes, également habillés en marin. Elle s’est dirigé droit vers une table
dans le coin où était assis un vieillard qui était devenu un habitué depuis
quelques semaines. Elle a sorti sa rapière et l’a menacé froidement. Une
réussite en « Perception » leur a permis de l’entendre dire, « Alors,
ventre jaune! Voilà le bouge dans lequel tu t’es caché! Tu ne croyais quand
même pas que tu pouvais me voler sans que je ne vienne te retrouver,
hein? » Il était venu le moment de calculer l’initiative.
J’aime bien commencer les parties « in media res »
ou « au milieu de la chose », en demandant aux joueurs de réagir à la
scène dont ils sont témoins. Eraklesias a utilisé sa perception comme
initiative, mais comme Luciano était en train de vendre de la contrebande au
moment où l’attaque s’est déclenchée, il a utilisé « Underworld lore »
pour déterminer son initiative. La femme, un roublard pirate du 3e
niveau, a agi en premier, avec une attaque critique qui a égorgé le vieillard,
l’envoyant direct à la condition « Dying 2 », à peine un round ou
deux avant une mort certaine. Ensuite elle lui a fait les poches pendant deux
actions. Eraklesias et Luciano ont fait face à deux pirates de niveau zéro
(nouvellement embauchés dans l’équipage du navire de la femme) tandis que le
troisième homme, un « figher » (guerrier) de 2e niveau, a
bousculé et fait reculer quelques clients de l’auberge afin de préparer une
voie pour la fuite.
Eraklesias a utilisé une combinaisons de « strikes »
(attaques avec son arme), de bousculades et de crocs-en-jambe pour mettre à
terre ses adversaires, tandis que Luciano, très sûr de lui, a contourné ces
obstacles afin de s’attaquer directement à la femme. Il a raté son jet d’attaque,
et à son tour elle l’a touché avant de tenter un croc-en-jambe… sans succès!
Echec critique! Et la voilà tombée dans une flaque de sang.
Luciano était persuadé qu’il tenait la victoire entre ses
mains, mais il n’avait que légèrement blessé son adversaire quand elle s’est
relevée et a fait une action « Long jump » (saut en longueur) qui
comprend deux cases de mouvement avant de sauter à travers une table qui lui
barrait la route pour atteindre l’escalier qui montait à l’étage. Son second a
couvert sa fuite avant de se retirer à son tour. J’ai demandé des jets de « Recall
Knowledge (Society) » (Connaissance(Société)) de la part des deux
PJs, et ils se sont souvenus qu’il y avait deux escaliers qui descendaient de l’étage
par l’extérieur.
Ils ont donc choisi de laisser filer leurs adversaires et de
s’occuper de panser leurs blessures. Eraklesias a utilisé des « healer ‘s
tools » (outils du guérisseur) pour prodiguer 2d8 de guérison à Luciano et
à lui-même, sans magie, les guérissant presque entièrement. Mais il leur restait
l’énigme de la mort du vieillard et les mots prononcés par cette femme au sujet
d’une carte mystérieuse volée.
Acte Trois, mode d’exploration : une enquête
Les deux héros avaient survécu à leur premier combat, sans
subir trop d’inconvénients. Se servant de « Medicine » pour
stabiliser et ensuite guérir l’un des pirates de niveau zéro qui était descendu
à « Dying 3 », à l’orée de la mort, ils l’ont interrogé mais n’ont
réussi à glaner que le nom de cette femme et l’endroit où son navire était
amarré. Pour leur part, ils étaient beaucoup plus empressés à enquêter sur le
vieillard mort, mais ils ont échoué à leurs tentatives de « Diplomacy (Gather
Information) » pour parcourir la foule dans l’auberge à la recherche de quelqu’un
qui aurait pu être témoin des allées et venues du vieillard, et puis ils ont
aussi échoué à l’utilisation de « Survival (Tracking) » pour remonter
sa piste jusqu’à sa demeure, à l’aide des bottes de ce dernier dont ils s’étaient
accaparées. Les choses n’allaient pas bien. Au fur et à mesure qu’ils
parcouraient les ruelles sombres et malodorantes de Freeport, j’ai regardé la
liste des dangers que j’avais préparée, dont une meute de rats géants infectés d’une
maladie immonde.
Car lorsque j’avais conçu cette partie de l’aventure, je ne
savais pas encore quelles classes de personnages mes joueurs allaient choisir. Des
rats géants peuvent certes constituer un vrai obstacle pour deux personnages de
1e niveau, mais ils ont le type « animal » donc c’était
tout naturellement que Eraklesias a utilisé son pouvoir de druide de « Wild
Empathy » (empathie sauvage) pour faire une tentative de « Diplomacy:
Make an Impression » afin d’améliorer l’attitude du chef de meute. Avec
une deuxième tentative « Wild Empathy » in a réussi un jet de « Diplomacy:
Make a Request » pour dissuader les rats à l’attaquer.
Plus tôt dans la soirée, les PJs avaient pu entendre
quelques bruits qui courraient à propos du nombre grandissant de meutes de rats
géants qui s’étaient vues près des quais de Freeport la nuit tombée, ce dernier
temps, et Eraklesias a eu la bonne idée de prier le rat chef de meute (qui
possède la capacité « scent » pour localiser les adversaires de par
leur odeur) de renifler les bottes du vieillard afin de savoir où il habitait.
D’un adversaire dangereux, ces rats étaient devenus un atout majeur.
Voilà le type d’événement imprévu qui me réjouit en tant que
maître du jeu. Une idée géniale, imprévue, et surtout qui vient combler un
manque quand toutes les voies de réussite que j’avais prévues ont échoué.
Acte quatre : l’aventure continue
Il était tard, mais nous avons décidé de poursuivre la
partie. Les divers systèmes de PF2 devenaient petit à petit plus clairs, et
nous commencions à en prendre l’habitude. Luciano et Eraklesias ont fouillé la
maison délabrée du vieillard mort, et ils ont trouvé plusieurs indices, dont
une porte secrète qui menait aux sous-sols et aux égouts de la ville. Ils ont
fait face à une mille-pattes géant (entre autres dangers) et ils ont découvert
jusqu’à quel point le nouveau système pour gérer les poisons est dangereux,
surtout pour un personnage dont la constitution ne dépasse pas dix et dont le
jet de sauvegarde de vigueur est très faible. Luciano est passé à deux doigts de
la mort et ce n’est que grâce à la réactivité de Eraklesias et à ses
compétences de « Medicine » qu’il a survécu.
Nous avons mis fin à la séance de ce soir-là et mes amis sont rentrés chez eux. Nous avions bien testé les trois modes de jeu de PF2, ainsi que le système de création des personnages, le système de combat avec trois actions par round, et les conditions délétères, y compris les niveaux de la qualité mourante.
Nous avons mis fin à la séance de ce soir-là et mes amis sont rentrés chez eux. Nous avions bien testé les trois modes de jeu de PF2, ainsi que le système de création des personnages, le système de combat avec trois actions par round, et les conditions délétères, y compris les niveaux de la qualité mourante.
Je suis tenté de mettre en forme cette aventure et de le
rendre disponible comme aventure « one shot » ou comme noyau pour une
campagne maison. Il y a déjà toutes les caractéristiques des PNJs, ainsi que
les conseils sur les compétences à employer, il ne faudrait qu’un petit effort
d’encadrement. Si cela vous intéresse, faites-le-moi savoir, soit dans les
commentaires qui suivent ce message de blog, soit sur les forums Paizo ou
Pathfinder.fr (rechercher Wheldrake). Merci d’être passé par là.
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